lundi 11 octobre 2010

Serions nous bourgeois ?


Quand il n'y a plus d'éternité, l'histoire échoue.
Plus de poète, le monde se clôt.
Plus d'esprit, la chair meurt avant de mourir, parce qu'elle a perdu son visage.

Voici les paroles écrites en 1947, par mon cher Nicholas Berdiaeff, ce prophète
de nos temps, totalement oublié :

"L'histoire a échoué.
Il n'y a pas de progrès et l'avenir ne sera pas meilleur
que le passé.
Pourtant il y eut plus de beauté jadis.
Après sa période de floraison,
le niveau qualitatif de la culture est en baisse.
La volonté de sainteté et de génie
s'éteint par la soif de domination,
le désir d'une existence confortable prennent le dessus.
Les plus hautes ascensions spirituelles appartiennent aux époques révolues.
Le temps de la décadence spirituelle correspond
au triomphe du bourgeois.
Les figures du chevalier et du moine, de philosophe et de poète,
sont remplacées par celle du "bourgeois"
assoiffé de domination universelle,
conquérant, organisateur et businessman.
Le centre de la vie se déplace.
L'ordre organique et hiérarchique étant transgressé,
le centre vital est transféré à la périphérie.
Telle est l'époque de la civilisation mécanique,
industrielle et capitaliste d'Europe et d'Amérique.



1 commentaire:

  1. Bonjour Seulenange,

    Est-ce notre époque qui est comme cela où l'histoire est-elle un éternelle recommencement ? Personnellement, j'opte pour une histoire cycloïde.

    Il paraît que la société romaine était rongée par le crédit de consommation.

    Qui est le plus beau : la semence pleine de promesse, la fleur épanouie ou la fleur fanée témoin de la progression de son espèce ?

    Enfin, en lisant ce texte que vous nous présentez, qui contient quelque chose de beau je trouve malgré son pessimisme, le prologue du livre de l'ecclésiaste m'est venu spontanément :

    Vanité des vanités, dit Qohélet ; vanité des vanités, tout est vanité.
    Quel profit trouve l'homme à toute la peine qu'il prend sous le soleil ? Un âge va, un âge vient, mais la terre tient toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche, il se hâte vers son lieu et c'est là qu'il se lève. Le vent part au midi, tourne au nord, il tourne, tourne et va, et sur son parcours retourne le vent. Tous les fleuves coulent vers la mer et la mer n'est pas remplie. Vers l'endroit où coulent les fleuves, c'est par là qu'ils continueront de couler.
    Toutes les paroles sont usées,
    personne ne peut plus parler
    l'œil n'est pas rassasié de ce qu'il voit
    et l'oreille n'est pas saturé de ce qu'elle entend.
    Ce qui fut, cela sera,
    ce qui s'est fait se refera,
    et il n'y a rien de nouveau sous le soleil !
    Qu'il y ait quelque chose dont on dise : " Tiens, voilà du nouveau !", cela fut dans les siècles qui nous ont précédés. Il n'y a pas de souvenirs d'autrefois, et même pour ceux des temps futurs : il n'y aura aucun souvenir auprès de ceux qui les suivront.

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