vendredi 21 janvier 2011

Il faut sauver Dieu

"Parce que la Passion de Jésus-Christ révèle dans le temps l'éternelle passion de Dieu pour l'homme, Dieu sera éternellement crucifié tant qu'il y aura un seul être, une seule créature qui dira non. Il n'y a pas de partialité en Dieu. Dieu n'st pas une mère qui discerne entre ses enfants; chaque créature est l'objet d'une tendresse infinie et, tant qu'il y en aura une seule qui ne sera pas engrangée dans les moissons éternelles, Dieu sera crucifié.
C'est cela l'Enfer, l'Enfer de Dieu, l'Enfer dans la lumière de la Croix, l'Enfer auquel nous condamnons Dieu et dont il nous faut absolument Le délivrer.
C'est la seule façon d'entendre l'appel de la Croix. Il ne s'agit pas d'un sacrifice offert à un Moloch par un innocent traqué et abandonné, il s'agit de cette innocence du Dieu révélé en Jésus. Il s'agit de la Passion d'un Dieu qui est mère, infiniment plus que toutes les mères, et dont la justice maternelle comporte cette substitution de l'innocence infinie à la culpabilité illimitée.
Et si cela est vrai, il faut absolument renverser toutes les perspectives : ce n'est pas nous, c'est Dieu qu'il faut sauver. Il faut sauver Dieu de nous-mêmes, comme il faut sauver la musique de notre bruit, la vérité de nos fanatismes et l'amour de nos possessions."

Maurice Zundel

Anticonformisme ?

"Qu'est ce que cela signifie d'être en phase avec son temps - sinon être, purement et simplement un parfait conformiste ?
Dans la Russie stalinienne, cela voulait dire approuver la goulag, dans l'Allemagne nazie, les camps de la mort : si un homme est habité par un désir vrai, il y a quelque chose en lui qui tend à s'opposer à l'esprit du temps."

Ruggero Guarini
Quand il n'y aura
plus de mot,
juste un cri,

un cri de stupeur,

un cri du fond des entrailles,

un cri
du fond des abîmes
au firmament des cieux

un cri
qui déchire l'horizon,

un cri qui traverse la mort
jusqu'aux
eaux
de l'âme

Un cri
qui éclate

des origines jusqu'aux
confins
des temps à venir

Ce cri a déjà retenti
au milieu
de la nuit

Ce cri est là,

ce cri
ne fait pas de bruit

pas plus
que le souffle
de l'aile
qui chute du ciel
à la terre.

jeudi 13 janvier 2011

De la révolte de l'Esprit avec Luc-Olivier d'Algange

" ... Ces portes dérobées, latérales et subreptices, disent exactement, hélas, l'esprit du temps et la haine de la magnificence...
Et la mondialisation néo-pétainiste est à l'avenant dans son apologie permanente d'une vie étriquée, restreinte, aplatie, faite pour des hommes aux visages fermés, aux regards absents, ruminant leurs griefs dans leurs bureaux climatisés.
Et même lorsqu'ils se veulent "hédonistes" comme ce philosophe (par antiphrase) en vogue qui emprunte son nom à M. de La Mettrie, quelle austérité dans leur militantisme du plaisir et de la "transgression " !
L'"athéologie" des Modernes semble vouée à continuer ce que la scolastique eut de plus ennuyeux. Telle est la fatalité de "l'anti-" ceci ou cela, la véritable tristesse de l'apostasie : de reproduire ce qu'il croit exécrer et qui le fascine, et dont il ne peut se délivrer, et qui le suit (ou le précède), pas à pas, comme son ombre... Il y avait le faste, le rite, le chant, la liturgie, autant de réverbérations merveilleusement inutiles de la beauté du monde, de la nostalgie et de l'espérance de l'âme, et voici que nous sommes ravalés à une sorte de morale sociale, - et qu'elle soit réactionnaire ou progressiste, c'est toujours la même façon, obtuse, retorse, chafouine, de se protéger de l'annonce éclatante.
Retour donc au Gros Animal, passé chez le toiletteur de l'époque bourgeoise... Et rien n'est mieux compris, plus profondément assimilé par l'esprit bourgeois que le mot d'ordre, si l'on ose dire des anarchistes "Ni Dieu, ni maître". Un bourgeois n'a d'autre dieu que l'argent, qui est une idole, et d'autre maître que la populace, qui est une chimère à cerveau de reptile.
...
On voudrait nous éteindre le monde.
N'y consentons pas . L'espace respire.
"Tout parle" comme disait Victor Hugo.
Cédons à cet irrépressible sentiment qui nous fait entendre la configuration du vol des oiseaux.
Brisons enfin cette illusion du monde séparé de nous. Il ne l'est pas;
Ou, plus exactement, il ne l'est plus depuis les flammes de l'Esprit, depuis les langues de feu !
Que vient-on alors nous parler de "panthéisme" !
Tout se tient à la pointe de l'être à l'impératif. Esto !
Que le monde soit !
Tout en découle, et la louange alors, précède l'existence même des choses louées, où Dieu est et n'est pas.
...
"Du ungeshner Blitz,
du dunkel-helles licht"
(Catharina Regina von Greiffenberg)

"L'éclair est invisible,
mais la lumière est claire et sombre."

"Terre Lucide"
Arma artis

Rumeurs océanes avec Luc-Olivier d'Algange

"De même que les chants mongols évoquent physiquement la steppe
où ils résonnent, les écrivains français rendent sensible la présence océanique;
et pas seulement Victor Hugo, qui veut être l'Océan lui-même,
dont il intitule l'une de ses oeuvres,
mais bien d'autres,
dont les phrases mystérieusement se posent sur la rumeur océane,
se jouent dans la lumière,
consentent à être dépassés par le grand large, -
ce qui vaut tout aussi bien pour les écrivains des formes brèves, frêles esquifs posés sur l'infini...
La limite de la psychologie est de méconnaître la météorologie et la géographie, -
en un mot, le cosmos, l'ordre, dont seule témoigne la poésie."

"Terre Lucide"

Mais où est l'amour ? Christian Bobin

" Tu sais ce passage d'un Evangile : deux femmes s'en vont tôt le matin vers le sépulcre, elles apportent des aromates pour le défunt, mais elles ne trouvent rien qu'un tombeau vide, et il y a là un jeune homme assez beau, un inconnu qui leur dit : celui que vous cherchez n'est plus là. Eh bien voilà : c'est peut-être pour ça que rien en nous ne peut se satisfaire de rien : ce que nous aimons est toujours ailleurs que là où nous allons le voir, toujours en fuite - ressuscité.
Pour moi c'est ça, le vrai travail de l'écriture; Les phrases se tiennent sur la page comme l'ange sur le seuil du tombeau. les livres ne disent pas la vérité, ils en indiquent le passage le plus récent. Ils sont comme ces chemins de neige où peuvent se voir les traces de bêtes enfuies.
L'écriture n'a rien d'autre à nous dire que son propre effacement : ce que vous aimez n'est plus là, dans les bandelettes de l'encre, mais partout ailleurs dans le monde...

"La merveille et l'obscur"


"La pauvreté est Dieu." Angélus Silésius


"Dieu est le plus pauvre,
il est nu et libre,

aussi, peut on considérer
avec justesse
la pauvreté
comme divine."

Et de l'amour sans la grâce de l'Amour ?

" Le risque ultime, si l'homme et la femme ne se font plus accueillants
à la grâce, pourrait être comme un mythe,
l'idée d'une scission de l'espèce humaine, femmes d'un côté, hommes de l'autre,
sous le signe du narcissisme et de l'homosexualité.
Mythe, utopie, certes, mais qui s'installe comme une tentation dans les âmes et contribue à les disloquer.
Avertissement aussi : sans la grâce, hormis les brefs éclairs de la passion (qui peut elle-même être une grâce, du moins un appel),
il n'est, entre les sexes, que séparation et guerre.
Mais le véritable amour ne cesse de se réinventer."

Olivier Clément

De la Trinité

"Nous touchons ici un domaine où un élan mal dirigé visant à obtenir
une connaissance
trop parfaite
est condamné à finir en folie désastreuse;
un domaine où seul l'humble aveu de notre ignorance
peut devenir une véritable connaissance,
où l'admiration devant le mystère insondable
peut constituer
une exacte confession de Dieu.
L'amour est toujours mystère au-delà de nos supputations et de ce que nous croyons saisir
grâce à elles.
L'Amour lui-même -
le Dieu incréé et éternel -
ne peut être que mystère au plus haut degré :
il est le Mystère même."

Joseph ratzinger

La foi ?


"Par la foi, nous reconnaissons que ce qui donne
son sens propre à notre expérience
ne peut être que
quelque chose que nous avons reçu."

Joseph ratzinger

dimanche 9 janvier 2011

Hölderlin


"Ne pas être contraint par le plus grand,
et se laisser contenir
par le plus petit
voilà qui est divin."

mercredi 5 janvier 2011

mardi 4 janvier 2011

Pseudo-Denys, VIè s.


"Trinité supra essentielle,
excessivement divine et
excessivement bonne,
gardienne de la sagesse des chrétiens
relative à Dieu
guide-nous vers le sommet
excessivement inconnu,
excessivement resplendissant
et très élevé des oracles mystiques,
où les Mystères simples, absolus et
immuables de la théologie
sont dévoilés
dans la Ténèbre extrêmement lumineuse
du silence
qui initie à l'arcane ;
là où il n'y a plus d'obscurité,
elle fait briller ce qui est excessivement resplendissant,
et dans le siège du tout intouchable et invisible,
remplis les intelligences privées de vue
des splendeurs merveilleuses.
Telle soit ma prière."
Mystica théologia

lundi 3 janvier 2011

Jacqueline Kelen


"Depuis que, sous l'influence du scientisme
et du freudisme caractéristique du XIXè siècle finissant,
on a voulu éradiquer l'âme,
il ne reste à l'individu que le moi.
et ce moi s'avère tyrannique,
destructeur et dévorateur,
là où l'âme était légère,
gracieuse et douce."

Un chemin d'ambroisie

samedi 1 janvier 2011

Fernando Pessoa


"Du temps où je ne t'avais pas
J'aimais la Nature comme un moine tranquille le
Christ...
A présent j'aime la nature
Comme un moine tranquille la Vierge Marie,
Religieusement, à ma façon, comme auparavant,
Mais d'une autre manière plus émue et plus proche...
Je vois mieux les rivières quand je vais en ta compagnie
A travers champs jusqu'au bord des rivières ;
Assis à tes côtés si j'observe les nuages
Je les observe mieux _
Tu ne m'as pas enlevé la Nature...
Tu as changé la Nature...
Tu m'as apporté la Nature tout contre moi,
Parce que tu existes je la vois mieux, mais c'est bien
elle,
Parce que tu m'aimes, je l'aime de la même façon,
mais davantage,
Parce que tu me choisis pour être à moi et être aimée
de moi,
Mes yeux l'ont fixée en s'attardant plus longuement
sut toute chose.
Je ne me repens point de ce que je fus naguère
Car je le suis toujours.

....

L'amour est une compagnie.
Je ne sais plus marcher tout seul sur les chemins,
Parce que je ne peux plus marcher tout seul.
Une pensée visible me fait marcher plus vite.
Et voir moins, et en même temps être bien content
d'aller en voyant tout;
Même l'absence de celle que j'aime est une chose qui
se trouve en moi.
Et moi je l'aime tant que je ne sais comment la désirer.
Si je ne la vois pas, je l'imagine et je me sens fort tel
les arbres élevés;
Mais si je la vois, je tremble, je ne sais ce qu'il est
advenu de ce qu'en son absence je ressens.
Tout entier je suis une certaine force qui m'abandonne.
La réalité entière me regarde comme un tournesol, et
en son centre il y a son visage."

Poèmes païens